Très attendu, après le premier roman « Là-haut tout est calme », paru depuis en Folio, ce second roman de l’auteur néerlandais est aussi saisissant, magnétique et puissant.
Une universitaire, spécialiste de la poétesse américaine Emily Dickinson, quitte précipitamment Rotterdam pour le Pays de Galles. Sans prévenir sa famille, elle loue une petite maison en bordure de village. Que fait-elle là, en plein hiver ? Le lecteur apprendra, par le détour, au-devant de quoi elle va. Dans la prairie derrière la maison, chaque nuit une oie disparaît, comme dans une chanson enfantine, une charade. Est-ce le renard qui l’a englouti, est-ce le temps ? Clôturer ne sert à rien, quand l’heure est venue. Admirable et anonyme, cette femme partagera avec un jeune homme passé par hasard, quelques phrases laconiques, un dernier repas, une couche, ample et large, avant d’accueillir son destin au cœur de cette nature gorgée de vie. Et le lecteur sait, qu’il a rencontré là une Parque grecque. Inoubliable.
Gerbrand Bakker : Le Détour , Gallimard, 2013, 257 p., 19,90 €.