Ethnologue de la modernité, Marc Augé s’est intéressé aux « non-lieux » que sont le métro, les hypermarchés, la rue, ces lieux de passage que l’on traverse sans les investir. Cette fois-ci, son regard va au-delà du lieu pour se porter sur la perte du lieu, de l’espace réel, dans un monde de plus en plus virtuel, téléguidé de l’extérieur, d’on ne sait où, par on ne sait qui. Violences économiques, sociales, politiques se conjuguent, se superposent et nous tétanisent. D’où partira le coup ? Comment s’y préparer ? Comme d’autres historiens, philosophes, sociologues du temps présent, Marc Augé observe que nous sommes entrés dans un présent de survie, aux liens distendus avec le passé et incertains avec l’avenir. Un présent sans perspective, sans rêve qui paralyse la pensée et l’imaginaire. Au point que les hommes n’ont plus peur de la mort mais de la vie…
Que faire ? En avoir conscience et continuer, car « les humains n’ont pas fini d’avoir peur ni d’espérer. »
Marc Augé : Les nouvelles peurs, Payot, 2013, 93 p., 11,20 €.