Il faut avoir la sensibilité de Charles Juliet et de Pascal Quignard pour entrer en résonnance avec leur sujet en y mettant autant d’intime conviction. Loin de l’analyse, très loin de la biographie, Cézanne, un grand vivant de Charles Juliet et Georges de la Tour de Pascal Quignard parlent lumière, matière, quête et maîtrise. A l’arraché ; pour Cézanne le solitaire, mal compris, sévère avec lui-même, acharné à se dépasser. Qui mieux de Charles Juliet peut comprendre l’âpreté de ce combat, qui le vécu lui tout enfant déjà. Il parle au peintre comme Michel del Castillo invoquait son frère d’ombre Dostoeivski.
L’ombre, la lumière, est ce qui requiert Pascal Quignard en toute chose, comment s’étonner qu’il se penche sur les clairs-obscurs du peintre de la chandelle ? On découvre que celui qui sut si bien rendre la ferveur du petit monde domestique, de l’âtre, était un fils de meunier devenu notable. Et pas des plus aimables. Ceci pour l’anecdote. Le reste est silence, spiritualité, ce dont Pascal Quignard nous entretient sur le souffle, comme on dit en musique.
Cézanne, un grand vivant de Charles Juliet,
P.O.L, 10 euros
Georges de la Tour de Pascal Quignard,
Gelilée, 15 euros.