Aux amoureux de la Florence toscane, pris d'effroi au spectacle d'une certaine Italie d'aujourd'hui, on ne saurait mieux conseiller que la lecture de ce texte magnifique : Parler de Florence - Parlare di Firenze. Il s'agit d'une conférence prononcée en 1955 par Piero Calamandrei, juriste et écrivain, antifasciste de la première heure, grande figure intellectuelle de l'après-guerre en Italie. Ce texte est bien sûr éternel. En peu de mots, le temps d'une conférence d'une heure, il évoque une région, la Toscane, dont le coeur est la ville de Florence, cette accumulation d'âme, cet ensemble extraordinairement complexe de conditions ethniques, esthétiques, historiques, de langue, de religion, de coutumes, de paysages... qu'on appelle Florentinité. C'est bien plus qu'une ville, c'est un monde, une époque, un moment universel de la civilisation occidentale. Florence, c'est aussi la permanence d'un paysage, d'une langue, de coutumes marqués de l'empreinte des Etrusques, dont l'auteur se sent le fils, plus que celui des Romains.
Et c'est aussi une bonne partie de l'art occidental, avec un mystère non résolu : comment une ville moyenne de cinquante mille habitants a-t-elle pu être un tel creuset et engendrer en quelques dizaines d'années, autant d'artistes et de créateurs ?
Agrémenté d'illustrations de l'auteur et de Gérard de Palézieux, édité en version bilingue dans une présentation soignée, ce texte est un plaisir, un régal.
Piero Calamandrei : Parler de Florence - Parlare di Firenze, Editions de la revue Conférence, traduction française de Christophe Carraud, Paris, 2010, 25€.