Un livre hallucinant, magnifique et terrible à la fois.
Detroit, ville jadis florissante portée par l’industrie automobile dans les années 1920 n’est plus qu’une ville fantôme.
Detroit destroyed pourrait-on ironiser si les photos de Yves Marchand et de Romain Meffre prêtaient à rire. Avec le déclin progressif des usines de montage, le chômage, le désinvestissement, l’effondrement de la sphère publique, le centre-ville s’est vidé de ses habitants et de son activité. Vastes palais délabrés, théâtre somptueux devenus des parkings, bureaux désertés où subsiste le mobilier, donnent l’impression d’un décor d’apocalypse. Magistral travail d’archéologie de notre modernité, ce livre de photos grands formats est introduit par le texte d’un historien éclairant le déclin du rêve américain à travers cette ville, symbole de « l’avant-garde de la désindustrialisation » : Aucun endroit n'incarne davantage les forces créatrices et destructrices de la modernité que Detroit, passé et présent.
Yves Marchand et Romain Meffre : Detroit, vestiges du rêve américain, Steidl, 88 euros.