Sur le mode du « Je me souviens » de Georges Perec, qui fut son patient, Jean-Baptiste Pontalis, psychanalyste, essayiste, défragmente les temps du souvenir. Non sans malice, il écrit « c’était mieux avant ». Quand il courait s’acheter un pain chocolat à la boulangerie alors que maintenant il trotte à petits pas jusqu’à la pharmacie se procurer un médicament... Aléas et privilèges du grand âge, Pontalis se souvient de beaucoup de choses, au nombre desquelles ses maîtres, Sartre d’abord, Lacan ensuite, mais aussi de lectures (Freud, Homère) , de peintures « parlantes » (Odilon Redon). Par petites touches, à sa manière, il voyage dans un temps proche, au fond de celui des physiciens, fini dans un univers infini, et puise dans la soupe originelle de notre psyché, laissant remonter à sa mémoire ce qui paraît insignifiant, muet, informé et qui fait tout le charme précisément cette pensée si fine.
Jean-Baptiste Pontalis : Avant, Gallimard, 2012.