A la veille de la venue du Führer à Salzbourg, Otto J. Steiner, critique musical fulmine. Cloîtré dans un sanatorium avec une tuberculose galopante, il s’irrite de voir son cher Festival de musique classique asservi aux soudards SS .
Nous sommes en 1939, la guerre se met en place en Europe mais il ne le perçoit qu’aux altérations et pénuries, aux disparitions soudaines des membres de sa famille, aux relents antisémites, aux blessés du front qui prennent la place des malades et au marché noir qui s’installe. Tout cela l’atteint à peine, tant l’art seul lui importe. Le lecteur lit son journal intime, écrit en secret, amer, ironique, volontaire. Juif, il se revendique « autrichien de confession phtisique », rien d’autre et décide de venger Mozart.
Impossible de vous en dire plus sans dégoupiller ce roman de petit calibre dont le final, grandiose, nous explose à la figure. Formidablement tenu, inattendu, impertinent et réjouissant, voilà un livre qui venge et la culture et les victimes du nazi.
Raphaël Jerusalmy : Sauver Mozart, Actes Sud, 2012, 160p.