Si le titre choisi par Nicolas d'Estienne d'Orves pour son nouveau roman peut paraître contradictoire - la fidélité ne se partageant pas - c'est qu'il est en fait fort bien choisi, et résume à merveille les ambiguîtés de son héros, et d'une époque.
Paris, 1940. Le bruit des bottes allemandes pénètre dans la capitale francaise, à la grande joie de Guillaume Berkeley, natif des îles anglo-normandes et exilé de fraîche date. En effet, c'est peut-être à ce moment-là que tout bascule pour le jeune homme, confronté à un choix qu'il se refuse à faire (y pense-t-il seulement?). Mais Guillaume préfèrera toujours se laisser porter...
Grâce à ce personnage, dont il parvient avec talent à justifier tous les revirements (collaborateur puis résistant), N. d'Estienne d'Orves brosse un portrait vivant de ces années troubles. On y rencontre notamment une foule de célébrités alors plus ou moins compromises avec le Reich... Les péripéties sont nombreuses, la construction ingénieuse et le final machiavélique, moment où le lecteur n'est pas le seul à se faire berner (nous n'en dirons pas plus!).
Un gros roman très accessible dans lequel les pages succèdent aux pages...
Nicolas d'Estienne d'Orves : Les Fidélités successives, Albin Michel 2012, 715 p.