Jeune élève de Pasteur, Alexandre Yersin dépasse bientôt le maître, identifie le bacille la peste et s'en va voir la mer. Les palmes des Académies, les honneurs, la renommée, la carrière, intéressent bien moins cet homme, inconnu du grand public, que l'appétit de la connaissance sous des cieux étoilés.
Grand voyageur lui-même, Patrick Deville s'empare de la biographie de cet homme à cheval sur le XIXème et le XXème, pour la chahuter et mettre un joyeux désordre dans une existence de mesures et de chiffres. Yersin était un découvreur, un explorateur, un génie, un aventurier mais méthodique, sans passions ni sans fantaisie.
Peste et Choléra combine les deux, insuffle sous les phrases courtes, hachées comme celles d' un protocole médical, la luxuriance de la jungle, les couleurs et les senteurs de l'Asie où vécut Yersin. Cela donne un roman qui caracole - y compris dans la liste du Goncourt - derrière deux guerres, deux siècles, quelques découvertes fameuses (l'usage de la quinine, l'ancêtre du Coca-Cola, le caoutchouc industriel...) et épingle comme des papillons des noms célèbres de grandes figures politiques et scientifiques. Passionnant !
Patrick Deville : Peste et choléra, Seuil, 2012, 228p, 18€