Laurent Seksik, dont nous avions beaucoup aimé Les derniers jours de Stephan Zweig il y a deux ans, revient sur le destin tragique du second fils d'Albert Einstein, Eduard qui fut interné à l'âge de vingt ans et qui mourra trente-cinq ans plus tard à l'hôpital psychiatrique de Zurich, abandonné de tous. Inspiré de faits authentiques et très bien documenté, l'auteur nous livre un roman polyphonique qui permet d'entrer très pudiquement dans l'intimité d'un jeune homme tourmenté, victime autant de la maladie qui le laissera sans répit sa vie durant que de la personnalité écrasante d'un père absent qui fut un des plus grands génies du XXe siècle. Ayant quitté la Suisse pour Berlin où la gloire l'attendait, Albert Einstein dont Seksik révèle une part d'ombre certaine, n'assumera jamais celui qui voulait devenir psychanalyste et que sa mère aimante se résoudra, la mort dans l'âme, à faire interner. A l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933, il rendra une dernière visite à son fils juste avant de partir pour les Etats-Unis. Il ne reviendra pas en Suisse et ne le reverra jamais. Le génie a aussi ses faiblesses. Parce qu'il reste humain sans doute ...
Laurent Seksik, Le cas Eduard Einstein, Flammarion, 2013, 19,00 €.