Toute l’œuvre de Jean-Claude Grumberg, auteur dramatique (« L’Atelier ») et scénariste pour Costa-Gavras (« Amen ») ne tourne qu’autour de cela. Qu’est-ce qu’être juif quand on est parigot, préférant la tête de veau pressée à la carpe farcie, que pour vous l’hébreu c’est du chinois et qu’on est un athée endurci ?
Ses derniers textes( « Si ça va, bravo », « Votre maman ») sont à lire comme des sketches, des variations sur le thème de l’identité et de la mémoire. Son registre est le tragicomique, très comique, en s’excusant d’être tragique. Comment pourrait-il en être autrement, lui dont la grand-mère eut la vie sauve parce qu’elle avait fait sous elle, et que la police de Vichy avait le nez délicat…
« Pour en finir avec la question juive », confronte deux voisins de palier dans leur cage d’escalier. « Vous êtes juif ? » demande l’un à l’autre, avant un développement aussi génial qu’inattendu. C’est Levinas raconté par les Frères Ennemis. Les humoristes, pas Caïn et Abel, quoique… Un exercice d’intelligence et de vigilance de haut vol, à se tordre de rire.
Jean-Claude Grumbert : Pour en finir avec la question juive, Actes Sud.