Non ce n’est pas du Geluck, mais du Van Acker, Ici étant l’improbable lieu-dit gaumais, où elle vit avec sa famille. Jadis à la campagne, écrit-elle, on se tuait à la tâche, aujourd’hui on y crève d’ennui. C’est pourtant là, que Christine Van Acker est partie vivre pour le plus grand plaisir des lecteurs de ses chroniques. Les a-t-elle écrites au cours des longues, trop longues soirées d’hiver ? Son œil de pie chaparde les saynètes de la vie d’un village déserté, que la civilisation n’atteint plus. Commerces de proximités fermés, bouffés par le zoning artisanal, jeunes sans emploi, font aussi partie du décor champêtre. Sans angélisme, mais avec beaucoup d’humour, l’auteur épingle d’un verbe vif, les us et coutumes des citadins en week-end, celles des gens du cru, et la cohabitation prudente, incrédule, qu’ils exercent avec les rats des villes reconvertis en rats des champs. Et elle ironise, avec un rien de cynisme, sur l’évolution de nos sociétés, qui asphyxie ses campagnes, supprime les gares, les bus, déplace les entreprises, mais multiplie les projets pour « renforcer les liens sociaux et intergénérationnels dans un souci de cohésion sociale »…
Christine Van Acker : Ici, Le Dilettante, 2014, 160p, 15€