Il a passé dix-sept années derrière les barreaux, dont quelques-unes en isolement total. Il est vrai qu'il fut un truand redouté, un criminel violent, figure du grand banditisme dans les années 1980, par ailleurs compagnon de l'extrême-droite. Rien pour plaire... La grande question est de savoir si, après un tel parcours, une rémission est possible. Lorsqu'on est censé avoir payé sa dette à la société, peut-on s'y réinsérer ? Et quel regard attendre des autres ?
Le chemin emprunté par Eric Lammers est singulier. En prison, il est devenu un lecteur boulimique. Et ce fou de lecture s'est en plus mis à l'écriture, dont il a voulu qu'elle devienne sa raison de vivre, et qui l'a transformé. Dans cet exercice d'écriture, il s'est fait accompagner par une visiteuse de prison, qui est aussi une de nos grandes romancières. Durant deux années, ils se sont parlé par lettres interposées, dans lesquelles Lammers, prolifique, s'est révélé drôle, intelligent, émouvant, talentueux.
Des lettres qu'elle a reçues, Caroline Lamarche a tiré ce livre Une âme plus si noire, titre où pointe une espérance.
La littérature peut-elle sauver ? Ce livre remarquable pourrait en témoigner.
Eric Lammers: Une âme plus si noire, lettres de prison, préface de Caroline Lamarche, Les impressions nouvelles, 252p., 2016