L’exotisme nous tente, c’est bien connu. Avoir vingt ans et vouloir traverser le Sahara, de Tanger à Tombouctou et Ouagadougou, pour rejoindre sa petite amie, cela fait rêver. Mais la route peut être longue, et le voyage se transformer en entreprise de déniaisement. Andy, jeune norvégien au visage d’ange, aborde à peine sur le territoire marocain qu’il s’englue aussitôt dans la toile que tisse autour de lui un vieux beau en chasse et la clique de fêtards européens nostalgiques d’une Tanger libertine et cosmopolite (l’écrivain Paul Bowles fait une apparition dans le livre). On est loin de la carte postale. L’Européen qui débarque en Afrique est toujours un naïf, et ce roman plein d’humour et de descriptions réalistes, évoquant entre autres la question du tourisme sexuel, le montre bien.
Une touche « people » pour finir, autre forme d’exotisme : l’auteur est le gendre du roi de Norvège, et son livre a, paraît-il, fait scandale au pays des rennes.
Ari Behn
Les hommes passent à Tanger
Actes Sud