C’est à juste titre que Stefano Benni a sous-titré son livre Histoires de solitude et d’allégresse. Car dans ces nouvelles, le propos est tout sauf triste. Si le point de départ est bien cet isolement que chacun peut connaître, et qui donne ici une cohérence remarquable au recueil, l’auteur ne s’y limite pas. Il joue au contraire à transformer ces solitudes, passant d’un registre à un autre (ce qui est également une force de ce volume), et mêle ainsi rires, émotion et absurde. On lira avec un serment de coeur Alice, on s’étonnera de la nouvelle intitulée Les larmes, et on trouvera ridicule cet homme qui, grâce au GSM, n’est plus jamais seul. Un de mes récits préférés est peut-être Soupir, itinéraire d’un petit voleur solitaire qui finit par s’attacher aux maisons qu’il cambriole, aux ambiances et aux habitants qui les peuplent, jusqu’à prendre des risques, et davantage…
Les deux pêcheurs, autre histoire, clôt opportunément ce livre attachant, en laissant une dernière impression mystérieuse.
BC
Stefano Benni : La Grammaire de Dieu, nouvelles traduites de l’italien par Marguerite Pozzoli, Actes Sud, 259p, €21,80.