« Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas », écrivait un philosophe. Il en est ainsi dans le très beau, mais aussi douloureux, roman de Peter Stamm.
Soit un homme, Alexander, marié à une femme belle et brillante, Sonia. Leur situation est florissante, et ils ont même une petite fille, Sophie. Bien sûr, ça n’est que l’endroit du décor : une vieille amie de Sonia vient visiter le couple, et c’est à elle qu’Alex choisit de raconter la face cachée. Il y a eu une autre femme, pas belle, pauvre, renfermée sur elle-même. Une Bérénice (si on se réfère au roman d’Aragon), dont Alex n’a pourtant jamais pu se séparer. Il y a eu, il y a toujours, quelque part, Iwona, la Polonaise.
Sans jamais s’engager, sans l’aimer, dit-il, Alex a poussé leur relation jusqu’à ses plus ultimes conséquences.
Ce sont ces conséquences que l’on découvre, bouche bée. L’écriture de Stamm est d’une apparente simplicité, mais en fait, d’une grande précision dans sa capacité à faire ressortir la parole, le geste, révélateurs de chaque situation. La narration respecte également la chronologie, mais le lecteur n’en ressent que davantage l’enchaînement des faits… et des êtres.
Ce n’est pas le premier roman de Peter Stamm, dans celui-ci il est redoutable.
Peter Stamm : Sept ans, traduit de l’allemand par Nicole Roethel, Christian Bourgois Editeur, 2010, 18€