Pas Sidney n’a pas eu de chance pour son prénom. Sa mère n’a rien trouvé de mieux que « Pas Sidney ». L’autre problème c’est que son nom de famille est Poitier.
Autant dire qu’il a assez durement vécu ses jeunes années (vous imaginez dans la cour de récré). Par contre, son excentrique mère avait mis un sacré paquet d’argent de côté et, on a beau dire, ça aide, surtout quand on a un prénom pareil.
Orphelin à 10 ans, il est recueilli par un milliardaire loufoque et élevé par une nounou féministe à grosses cuisses. Quand il décide de partir à la conquête de son identité, les ennuis commencent.
Ce roman est un véritable petit bijou d’humour absurde (mais lisible), à l’opposé intersidéral de la production littéraire actuelle, atteinte de morosité ambiante aiguë. Percival Everett parvient à nous amuser sur un ton badin tout en passant à la moulinette les archétypes de la culture américaine. Le héros rate assez systématiquement ce qu’il entreprend, l’argent fait le bonheur et les riches sont fous mais sympas, les bonnes sœurs partent avec le premier porte-monnaie venu, les profs ne servent à rien, la famille n’est plus un noyau de sécurité mais la concentration de diverses névroses. Et les Noirs sont racistes aussi. Et tout ça sans en avoir l’air.
Percival Everett, Pas Sidney Poitier, Actes Sud, 2011.