On ne connaissait pas jusqu’ici en France Bettina Balaka, qui n’avait pas encore été traduite. C’est chose faite - et bien faite - grâce aux remarquables éditions Quidam.
La quatrième de couverture annonce d’emblée la couleur : « On croit lire un inédit de Joseph Roth, et puis non, plutôt un polar de Mankell, à Vienne cette fois. » Murmures de glace, c’est en effet tout cela. Car l’auteur parvient à mener de front 3 facettes d’un même récit : l’intrigue autour d’une série de meurtres dans la capitale autrichienne de l’après Première guerre mondiale, des épisodes du conflit qui a ensanglanté l’Europe quelques années auparavant, et le retour à la vie civile du personnage principal, le lieutenant Balthasar Beck. L’ensemble donne un texte ambitieux qui, s’il démarre lentement, gagne peu à peu en suspense et en envergure.
La traduction est, de plus, à la hauteur, et rend bien les phrases amples de l’auteur, donnant autant de scènes marquantes où inventivité narrative et précision dans l’analyse psychologique se conjuguent. Comme l’a également écrit Roth : « Ne craignons pas d’appeler la douceur par son nom ».
Bettina Balaka : Murmures de glace, roman traduit de l'allemand par Martine Rémon, Quidam, 2012, 437p, 22€