Ce formidable roman nous arrive d'Amérique, près de cinquante ans après sa première publication, en 1964. Roman de l'après-guerre, où une certaine jeunesse paumée promène son désoeuvrement et son mal de vivre.
Jack Levitt, dont on suivra le parcours, est un "pas de chance". Abandonné par ses parents, il quitte l'orphelinat à 17 ans, pour se retrouver dans la rue, à traîner dans les bars, où sa seule compagnie est une bande de mauvais garçons comme lui. Parmi eux, quelques gamins très doués pour tenter leur chance, et peut-être la fortune, au billard. C'est un jeu où n'excellent que les plus habiles, et les amateurs seront servis, l'auteur sachant manifestement de quoi il parle. Billy Lancing est un de ces joueurs, et ce jeune métis est certainement un des personnages les plus attachants du récit. Jack et lui se retrouveront au pénitencier de Saint-Quentin. Car de petits délits en coups foireux, mêlés de violence (Jack est une force de la nature), c'est l'itinéraire tout tracé de ces laissés pour compte du rêve américain. Là, en prison, leurs destins se croiseront de façon bouleversante, et surprenante. Jack ne le comprendra réellement que plus tard, après la prison, quand il tentera autre chose, le mariage et la paternité. Mais n'oublions pas : toujours il sera celui qui n'a pas de chance. Et pourtant ce livre n'est pas un pur roman noir. Il y a une force diffuse dans ce livre, traversé de violence et de tendresse. C'est de dire que rien n'est tracé à jamais, et qu'il suffit parfois d'en prendre conscience. Le monde n'a guère de sens, dit Carpenter, mais il ajoute que rien n'existe sinon une étincelle d'énergie.C'est la vie.
Ce roman très fort fait penser à ceux de Kerouac ou de Cassidy, en moins léger, disons. C'est la même génération, la même Amérique. A lire !
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Don Carpenter : Sale temps pour les braves (Hard rain falling), très bien traduit de l'Anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy, Editions Cambourakis, 2012, 348p, €23.
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