On a souvent comparé ce magnifique auteur à Tchekhov, sans doute parce que ce qu’il nous dit des êtres, à demi-mots , révèle aussi leur époque et leur condition. Avec « Cet Eté-là », il nous emmène dans la campagne irlandaise en 1950 dans un petit village où rien ne se passe, ou presque. La routine des tâches, les vies rivées aux habitudes n’empêchent ni les rêves ni les désirs, dans ces existences apparemment sans relief.
William Trevor commence par planter le décor et les personnages que nous découvrons comme sur une photo un peu décolorée. Il y a là, la nouvelle patronne de la pension de famille, son frère, un vieux fou égaré, témoin des temps anciens, un fermier veuf remarié avec Ellie, jeune domestique épousée par commodité et habitude. Ellie n’est ni heureuse, ni malheureuse, la question ne s’est jamais posée à celle qui n’a jamais eu à choisir sa vie. Mais cet été-là, un jeune dilettante passe dans le village à vélo…
Pudeur, finesse, William Trevor excelle à faire parler ce qui se tait, dans une nature harmonieuse et belle, qui inspire à ces hommes et ces femmes aussi modestes qu’admirables, une sagesse bouleversante.
William Trevor : Cet été-là, traduit de l'anglais (Irlande) par Bruno Boudard, Phébus Editions 2012, 255p