Deux boules de billard a distance l'une de l'autre ornent la couverture et donnent le ton. Quand l'une touche l'autre, elle dévie sa trajectoire, roule vers là où elle ne voulait pas.
Ainsi en va-t-il de la vie du narrateur, jeune professeur de droit, amoureux, et bientôt père, qui en sortant de la salle de billard avec un partenaire de jeu dont il ne sait rien, voit surgir des tueurs. L'homme qui marchait à ses côtés, est abattu et lui-même est grièvement blessé. Pourquoi? Par qui? Il ne sait, mais toute son existence va s'en trouver changée. Depuis ce jour, la peur s'est immiscée sous sa peau et une sorte de mur invisible se dresse entre lui et le monde. A partir de là, Juan Gabriel Vasquez compose un roman qui navigue entre les eaux de l'enquête politique et psychologique. Comme dans le film « Vertigo », le narrateur est aspiré par la vie de l'homme mort à ses côtés, fasciné, parasité par lui. A l'image de la Colombie gangrénée par la mafia du cartel de la drogue, qui est la toile de fond de ce roman remarquablement construit.
Juan Gabriel Vasquez : Le bruit des choses qui tombent, traduit de l'espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon, 304p, 20€