Petros Markaris est à la Grèce ce que Manuel Vazquez Montalban est à l’Espagne, ou Henning Mankell à la Suède. Son commissaire Charitos est représentant de l’ordre, sans illusionsur la nature humaine mais résolu à ne pas s’en accommoder. C’est peu dire que Markaris (1937) est furieux contre son pays et contre ceux qui l’ont laissé faire. Mensonges politiques, mercantilisme, dopages financiers, institutions financières irresponsables, sont au coeur de cette intrigue qui brosse un portrait édifiant, lucide, tragique et cocasse de la situation désolante de la Grèce.
Des personnalités du monde de la finance sont décapités par un mystérieux «justicier». Qui peut bien être le coupable, un employé indélicat, mis à la porte pour avoir accepté des dessous de table ou un client insolvable ? Autant dire, chaque Grec, puisque tous vivent à crédit.
Une intrigue décoiffante… qui nous en apprend plus sur la Grèce que n’importe quel journal financier, soutenue de bout en bout par un humour salvateur, qui est, comme chacun sait, la politesse du désespoir
Petros Markaris : Liquidations à la grecque, Seuil policier, traduit du grec par Michel Volkovitch, Seuil policier, 2012, 336p, €21,50