Ses romans, « Expiation », « Solaire », « Sur la plage de Chesil », « Operation Sweet Tooth ».... sont tous éclatants de réussite. Variant les genres et le style, Ian McEwan nous met, sans en avoir l'air, à chaque fois, en présence du libre arbitre ou de ce qu'il en reste...
Cette fois, nous assistons, éblouis par son intelligence, au quotidien d'une magistrate des affaires familiales. Les jours précédents, il lui a fallu résoudre des conflits dans lesquels le religieux contrecarrait l'émancipation individuelle. Un divorcé arabe, qui a soustrait son enfant à l'éducation trop libérale de sa mère anglaise et le cas d’un père juif orthodoxe qui souhaite élever ses filles hors du monde moderne. La surcharge de travail, sa complexité, et les enjeux énormes que toute décision de sa part suppose, ont entamé l’équilibre de son couple. Mais elle a à juger une affaire autrement plus importante que la frustration maritale, le dossier urgent d'un jeune leucémique de dix-sept ans, que condamne la conviction de ses parents, Témoins de Jéhovah. Elle pourrait laisser l'hôpital le transfuser de force, pourtant avant de contraindre, elle veut entendre toutes les parties. Dans l'intérêt de l'enfant.
La juge sent qu'elle entre là dans la tache aveugle de la justice, qu’il lui faut sortir du cadre. Trancher sur dossier ne peut pas seul sauver les êtres, fusse d'eux-mêmes. L'intime conviction, la protection sociale, se heurtent à un irrationnel auquel elle doit se confronter…
Ian McEwan : L'intérêt de l'enfant, traduit de l'anglais par France Camus-Pichon, Gallimard 2015, 240p.
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