Peut-on imaginer ce que le monde a vécu depuis le 11 septembre ? La chappe de plomb tombée sur nos têtes, le prétexte de la guerre à la terreur pour étouffer les libertés, l’alliance des grands Etats et de leurs oligarchies pour mener leurs affaires en toute tranquillité, de concert avec leurs ennemis, et cela sans plus rendre de comptes à leurs populations ? Et l’Australie, ce pays-continent, pour tête de pont de ce nouveau totalitarisme ? A la manière de George Orwell, d’Aldous Huxley, ou plus récemment de J.G.Ballard, Andrew McGahan livre ici un roman d’anticipation politique d’autant plus frappant qu’il est branché sur l’histoire immédiate, et qu’il lui suffit de pousser « un peu plus loin » les dérives réelles de l’idéologie sécuritaire pour décrire ce monde fermé, où les résistants de la liberté doivent vivre cachés, Australia Underground. Chez McGahan, l’humanité a toujours du mal à émerger.
Moins « polar » que son précédent (et remarquable) ouvrage Derniers verres, ce roman très fort justifie donc tout autant sa présence dans la collection « noire » des Editions Actes Sud, dirigée par Marc de Gouvenain.
Andrew McGahan : Australia underground, traduit de l’anglais (Australie) par Laurent Bury, Actes Sud, collection actes noirs, 303p.