Charitos, le commissaire intègre de Petros Markaris, a tous les jours sous les yeux, le marasme grec : le chômage des jeunes, les retraites insuffisantes des aînés, la corruption, le laxisme et l'incapacité de l'Etat à y mettre bon ordre.
Il n'est pas le seul à la trouver mauvaise... Un justicier, civique si l'on peut dire, estime aussi que cela suffit. Il menace d'exécuter les citoyens fortunés réfractaires à leurs devoirs sur l'impôt. Il leur rappelle, seringue de cigüe à la main, que Socrate sur son lit de mort, mit un point d'honneur à payer sa dette à Asclépios. Les mauvais citoyens nantis, que la philosophie indiffèrent, passent donc de vie à trépas, et les autres payent dare-dare. Charitos aura tout de même quatre cadavres sur les bras et une énigme. Qui est ce percepteur anonyme?
Drôle, sous la gravité du propos, éthique, sous l'intrigue policière, cette comédie sociale de l'auteur de Liquidations à la grecque (Point Seuil) n'oublie pas que, déjà sous Aristophane, le rire aidait les Grecs à survivre aux dieux iniques.
Petros Markaris : Le justicier d'Athènes, traduit du grec par Michel Volkovitch, Seuil, 2014, 336p, 21€.
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