(Photo : Markus Dohle © Olivier Dion / LH)
Face à 300 professionnels, le P-DG du désormais premier groupe mondial de littérature générale, Penguin Random House, s'est montré disert et optimiste pour sa première conférence publique, à Francfort lors la rencontre autour du classement annuel Livres Hebdo de l'édition mondiale.
Jusqu'alors discret dans les médias, Markus Dohle, P-DG du nouveau groupe d'édition s'est révélé un orateur plein de dynamisme, mercredi 9 octobre, à la foire internationale du livre de Francfort, lors de la conférence organisée par les magazines partenaires du classement annuel Livres Hebdo de l'édition mondiale, en coopération avec la Frankfurt Academy.
Pour expliquer la stratégie du nouveau numéro un mondial de l'édition généraliste constitué en juillet 2013 par la fusion de Random House, la branche édition du géant allemand des médias Bertelsmann, avec Penguin, la filiale généraliste de Pearson, premier éditeur mondial, il a minimisé ce poids en présentant le nouveau géant comme "deux communautés de petites et moyennes maisons qui vont devenir une seule grande communauté" aimant à présenter le groupe comme une somme de petits artisans au service de la création et des auteurs. Au niveau de la création, "big is bad", a-t-il expliqué. Cependant cela nous permet, dans un marché où il faut miser sur l'innovation, de l'appliquer à grande échelle et de mettre cette grosse machine en oeuvre pour que les livres touchent les lecteurs."
Il s'est à plusieurs reprises réjouit de la réunion de ces "marques trophées" que sont Penguin et Random House, louant " la parfaite combinaison" des catalogues et des stratégies. Il a cependant précisé que "dans notre travail, cette fusion n'a rien changé et nous avons réussi à l'issue de ce premier trimestre ensemble à ce que le changement se fasse en douceur, que l'atterrissage soit tranquille. Nous ne voulions pas perturber le travail de nos équipes."
Parmi les marchés ciblés par Penguin Random House, "le domaine hispanophone est notre priorité ainsi que le Brésil où Penguin est déjà bien implanté. Nous travaillons aussi en Asie mais la stratégie en Chine est différente et nous en sommes plus au stade d'apprentissage de la culture locale." Quant au marché européen, "il est mature et vous devriez être optimiste, a-t-il lancé. Car aujourd'hui, la stabilité, c'est la nouvelle croissance!"
Interrogé sur les nouveaux acteurs du marché que sont Google, Apple ou Amazon, il est resté très consensuel louant la saine compétition et les nouveaux modèles qu'ils ont apporté à l'édition. Son groupe a par exemple développé une grande plate forme d'auto édition. Quant à Amazon il dit "respecter leur esprit d'entreprise et d'innovation" et préfère "la coopération à la confrontation car notre but en tant qu'éditeur est de connecter l'auteur au lecteur, de rendre nos livres accessibles partout et à tous."
(Photo : La littérature demeure le premier secteur de l'édition française.)
L’enquête annuelle de branche publiée par le Syndicat national de l’édition pour son assemblée générale du 27 juin fait ressortir une baisse de 1,2% du chiffre d’affaires du secteur l’an dernier.
Avec un volume d’activité de 81,76 millions d’euros, le numérique a atteint 3,1% du chiffre d’affaires de l’édition française en 2012, contre 2% en 2011, d’après l’enquête annuelle de branche publiée par le Syndicat national de l’édition (SNE) à l’occasion de son assemblée générale annuelle, le 27 juin.
A elle seule, l’édition numérique dématérialisée représente 2,65% du chiffre d’affaires de l’édition, contre 1,2% un an plus tôt, le reste étant constitué par les ventes d’ouvrages sur CD/DVD ou sur d’autres supports numériques dont les supports flash (USB).
Selon l’enquête réalisée à partir d’un panel représentatif de 252 répondants, le chiffre d’affaires total de l’édition française a reculé de 1,2% en 2012, à 2,77 milliards d’euros, en phase avec l’évolution du marché du livre en France l’an dernier (- 1,5% d’après nos données Livres Hebdo/I+C. 95,2% de l’activité provient des ventes de livres et 4,8% des cessions de droits.
Sur un marché évalué à 4,5 milliards d’euros en prix public hors taxes, 440,9 millions d’exemplaires auraient été vendus (- 2,1%) sur 630,9 millions produits. Le SNE a répertorié une production de 44 678 nouveautés et 41 616 réimpressions tandis que le tirage moyen est en baisse, à 7 311 (- 4,2%).
La littérature demeure le premier secteur de l’édition française, et pèse 24,2% du chiffre d’affaires (639 M€, - 0,2%), devant les beaux livres et livres pratiques à 16,8% (444 M€, - 6,6%), le scolaire à 14,1% (372 M€, - 4%), la jeunesse à 13,4% (354 M€, + 3,5%), la BD (246 M€, + 1%) et les sciences humaines et sociales (245 M€, + 11,9%) à 9,3% chacun, les documents d’actualité à 4% (107 M€, - 0,7%), les dictionnaires (80 M€, - 7,3%) et les sciences-technique-médecine (79 M€, - 13,6%) à 3% chacun, les cartes et atlas à 1,4% (37 M€, - 8%) et la religion et l’ésotérisme à 1,3% (36 M€, + 0,3%).
A 352 millions d’euros (+ 1,4%), le chiffre d’affaires de l’édition de poche représente 13,3% des ventes totales tous secteurs confondus.
De la mise en place d’une offre attractive jusqu’à l’exploitation permanente et suivie, en passant par une fiscalité équitable ou l’accès aux métadonnées, plusieurs mesures du rapport intitulé Acte II de l’exception culturelle à l’ère du numérique concernent le livre.
Après avoir auditionné les représentants d’une centaine d’organisations ou d’acteurs des différents segments des industries culturelles, dont une dizaine dans le livre, Pierre Lescure a présenté ce lundi 13 mai son rapport définissant "l’Acte II de l’exception culturelle à l’ère du numérique", successivement au Président de la République, à la ministre de la Culture en présence de la presse, et aux professionnels concernés.
Ce rapport donne 80 propositions réparties en trois objectifs : favoriser l’accès des publics aux œuvres et offre culturelle en ligne, garantir la rémunération des créateurs et le financement de la création, protéger et adapter les droits de la propriété intellectuelle, a expliqué Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, en préambule à la présentation du rapport, dont elle a étroitement suivi la réalisation.
Rédigée avec le souci de ne pas proposer un catalogue de mesures sectorielles, cette liste de propositions concerne aussi le livre, même si ce travail trouve son origine dans les secteurs de la musique et de l’audiovisuel, les premiers exposés aux bouleversements du numérique. A cet égard, le sort réservé à la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet (Hadopi) chargée de réprimer le piratage était très attendu - elle devrait être supprimée, et les sanctions contre les internautes pirates se limiteront à des amendes.
La mission Lescure a entendu une dizaine de représentants des acteurs de la chaîne du livre : SGDL, SCAM, SNAC, SACD pour les auteurs, IABD pour les bibliothèques, SNE pour les éditeurs, SLF et SDLC pour la librairie, ou encore Amazon, Google, My Major Company pour les entreprises dont le rôle était jugé important, ou original, dans les évolutions en cours.
Le livre cité en exemple
Pour certaines des mesures préconisées, le livre est même en avance et a été cité en exemple, notamment à propos de l’obligation d’exploitation, rappelée lors des négociations entre auteurs et éditeurs dans le cadre de la mission Sirinelli. Allant au delà de cet exemple, la mission propose de définir le numérique «comme un mode principal d’exploitation des oeuvres».
L’attribution d’aides publiques à la création ou la numérisation serait conditionnée au maintien de cette exploitation permanente, dans la mesure où, selon la mission, le numérique a grandement diminué les coûts de stockage. Les aides à la numérisation patrimoniale, et le programme de numérisation des livres indisponibles s’inscrivent dans la même obligation d’exploitation permanente.
Le rétablissement d’une fiscalité équitable entre tous les acteurs de la chaîne est jugé indispensable au maintien de la diversité des acteurs de la diffusion, et donc des contenus. La TVA à taux réduit pour tous les contenus est souhaitée, de même qu’une imposition sur les bénéfices identique quel que soit le lieu d’implantation de l’entreprise, mais « ce sera long », reconnaît Pierre Lescure.
Regrettant que l’offre numérique en bibliothèque ne soit pas « à la hauteur des missions de ces institutions et des attentes du public », la mission recommande de développer le prêt numérique dans ces établissements en incitant les éditeurs à mettre en place une gestion collective volontaire. « Les éditeurs devraient être tenus de proposer une offre claire, transparente et non discriminatoire spécifique en direction des bibliothèques » insiste le rapport.
Le recours aux mesures techniques de protection (MTP, habituellement nommées sous leur version anglaise, DRM) devrait être régulé, clarifié et encadré.
Pour assurer un partage équitable dans la chaîne de valeur entre éditeurs ou producteurs de contenus et distibuteurs, « la transparence doit être renforcée ». Dans le livre numérique, la rémunération que les éditeurs versent aux auteurs baisse « en valeur absolue , et celle qui concerne les nouveaux modes d’exploitation (location, vente au chapitre, financement par la publicité) « soulève de nombreuses interrogations ».
La contribution des acteurs du numérique au financement devrait être renforcée, notamment par une taxe sur les appareils connectés (smartphones, tablettes, ordinateurs...), qui anticiperait l’évolution de l’usage via stockage sur disque dur, et de leur redevance, sans doute remplacé à terme par un accès permanent en streaming.
La mission recommande aussi de « moderniser les exceptions au droit d’auteur », notamment « sécuriser les pratiques de transformations créatives, remix et autres mashup, ou user generated content » selon Pierre Lescure. Il appuie aussi le renforcement de l’exception pédagogique, recommandant la « mise en place d’une gestion collective obligatoire » dans le cadre de la loi pour la refondation de l’école.
Sa mission souhaite également « protéger et valoriser le domaine public numérique » et pointe les « phénomènes de réappropriations » via les partenariats publics-privés, qui devraient être encadrés, allusion aux récents accords de la BnF pour la numérisation de son fonds ancien.
Elle recommande aussi de faciliter l’accès aux métadonnées dans chaque secteur, via un registre ouvert « grâce à la coopération de toutes les entités, publiques ou privées, qui détiennent des données pertinentes, et en premier lieu des sociétés de gestion collective ». Dans le livre numérique, comme dans d’autres secteurs, il n’existe toujours pas de base de données exhaustive des contenus disponibles.