Le premier roman de Charly Delwart, est brillamment construit, étonnant. Son personnage, un jeune cadre de trente ans est licencié, et il souhaite mettre ce temps à profit pour lire, écouter des conférences, se remettre en question, hors du monde. Mais le monde de l’entreprise va le rattraper fortuitement ; un jour il entre par hasard dans un bureau vide, pour téléphoner à l’aise. Et ce bureau va devenir le sien par la méprise d’une collègue qui le prend pour le nouvel arrivant. Le lieu, crée la fonction et voilà Darius forcé jour après jour de s’inventer une activité professionnelle qui va le mener presque au sommet de la réussite. Mais était-ce là son rêve profond ?
Charly Delwart
Circuit
Editions du Seuil
Remarqué par la critique dès son premier roman, couronné du Prix Jean Muno, Grégoire Polet reprend ici la même facture narrative que dans Madrid ne dort pas. Ce n’est plus une nuit mais une semaine qui fait l’unité de temps, et c’est la Place Saint-Sulpice à Paris qui fait le lieu. Autour de cette place et durant une semaine, une vingtaine de personnages vont se croiser, s’ignorer, se rencontrer, s’aimer. La virtuosité du romancier est totale, sa maturité l’est tout autant. On a beaucoup de plaisir à voir ces vies se dérouler sous nos yeux, et on ne peut s’empêcher de penser que, tout compte fait, nous vivons tous ainsi, proches et lointains aux yeux des autres, dérisoires et pourtant uniques. Comme peut l’être une œuvre d’art, un thème au cœur de ce roman très réussi.
Grégoire Polet
Leurs vies éclatantes
Gallimard
Le bonheur de lire, c’est d’abord le style, et l’infime écart entre ce style et l’histoire qu’il incarne. On n’écrit pas de la science-fiction dans du Flaubert, pas plus que dans du Diane Meur on ne trouve de récit sur les banlieues. C’est dire que dans la veine de son premier livre, éblouissant (La vie de Mardochée de Löwenfels), Diane Meur nous raconte une vraie et longue histoire de famille, au centre de l’Europe, entre le 19e siècle et la première guerre mondiale, dans le style qui lui sied, classique et chatoyant. Une famille tente de faire revivre un domaine au cœur de la campagne de Galicie, alors qu’autour d’elle le monde passe de révolutions en guerres d’indépendance. C’est la maison elle-même qui est la narratrice de l’histoire, et qui dresse les portraits de ses habitants successifs, dont de beaux portraits de femmes, écartées entre les traditions et le désir d’échapper au destin qu’on veut leur faire suivre.
Diane Meur
Les vivants et les ombres
Sabine Wespieser Editeur