Littérature française
Oui, ce titre, c'est la classe...
Mais SI vous en avez marre de lire des autofictions parisiennes, des critiques sociales déprimantes, des poésies éthérées, etc.
Et SI vous ne craignez ni la vulgarité, ni les gros mots, ni les situations scabreuses,
LISEZ "Avoir les boules à Istanbul : Journal d'un écrivain en résidence" (tout est dans le titre...) Marc Villard s'y moque des écrivains en quête perpétuelle de bourse d'écriture et de leurs petits tracas égocentrés, très éloignés de la grande émulation intellectuelle qu'on leur prête.
En 95 pages, il nous offre une petite bouffée d'air (certes un peu vicié) pour rire un peu avant de se remettre à la Grande Littérature et ne pas oublier que les écrivains sont aussi des êtres humains.
Un petit extrait pour le plaisir : le tout début du livre.
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MARS
MERCREDI Ier
Je ne sais pas pourquoi mais les écrivains de cette résidence me regardent mal. J'essaie pourtant de m'intéresser à leurs vies de cloportes. Tiens, celle d'Hélène Soubise par exemple.
- Henri, j'ai vécu une grande histoire d'amour l'année dernière, dit-elle.
- C'était quoi comme animal ?
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Avoir les boules à Istanbul - Marc VILLARD - Ed. L'Atalante - 95 pages - 8.50 €
Nathalie Léger aime les vies discrètes. A la demande d'un éditeur qui souhaite réaliser un dictionnaire de cinéma, elle se lance dans la notice, qu'elle espère rapide, de l'actrice américaine Barbara Loden. Peine perdue, une fois esquissées les premières lignes, notre auteur ne sait plus comment s'y prendre, et se trouve finalement happée par son sujet.
Qui était Barbara Loden? En dehors des informations les plus courantes, auxquelles tente de se raccrocher N. Léger dans les premières pages du livre. Comment dresser un portrait, le peut-on seulement? Pourtant, notre rédactrice dispose a priori d'un indice d'importance sur lequel s'appuyer : Wanda, film réalisé par Barbara Loden elle-même, et autre portrait de femme auquel l'actrice s'est à de nombreuses reprises comparée. D'autres aides vont aussi faire surface : la propre mère de N. Léger, elle-même enfin.
Un film et trois femmes donc, pour venir à bout d'une seule. Ou plutôt pour tenter d'en écrire, d'en saisir quelque chose. A travers ce que les hommes ont dit d'elle aussi, dont Elia Kazan. Qui l'aimât, mal (peut-être). Tout la valeur du texte est dans ces rapprochements, ces incertitudes, ces possibles.
Non, décidément, une vie ne tient pas dans une notice.
Nathalie Léger, Supplément à la vie de Barbara Loden, POL, 2012.
A travers la vie rocambolesque de Jacques Coeur (1400-1456), premier grand argentier de France, Jean-Christophe Rufin brosse le portrait sensible et enlevé d'un destin tourné vers l'échange et la circulation des valeurs, y compris humaines.
Fils d'un pelletier, Jacques Cœur est devenu le plus grand argentier de France, banquier du Roi Charles VII, à la fois commerçant, collecteur d’impôt, armateur, propriétaire terrien et immobilier, producteur de biens qu’il exporte au Moyen-Orient. Car en plus d’accumuler les richesses, il a une vision, un dessein pour son pays, et permet des échanges qui jusque là passaient surtout par le fil de l’épée. Sous couvert de roman historique et d’aventures, Jean-Christophe Rufin écrit aussi une réflexion sur le pouvoir, la trahison et la solitude. Un roman qui se dévore et mérite son succès.
Jean-Christophe Rufin : Le grand Cœur, Gallimard, 2012
