Au sortir d’une adolescence difficile marquée par le suicide de sa mère et clôturée par celui d’un de ses deux meilleurs amis, Joe Goffman est parti vivre à New-York. De ces années de jeunesse, il y écrit un roman caustique et autobiographique dans lequel il prend sa revanche sur la petite ville de province où il a vécu et sur ses habitants qu’il dépeint avec mépris. Contre toute attente son roman devint un best-seller et un film à succès. Joe est devenu riche, très riche. Il roule dans une décapotable dernier cri et possède un appartement chic à Manhattan où il collectionne les conquêtes en se coletinant toutefois un sacré mal de vivre. Lorsque son père est victime d’un accident cardiaque, 17 ans plus tard, il retourne à Bush Falls, la conservatrice. Autant dire qu’il n’y est pas le bienvenu…
C’est ainsi que débute « le livre de Joe ». Une plongée romanesque où le lecteur découvre en alternance les événements tragiques du passé comme les retours de flamme du présent qui s’abattent sur le narrateur avec une régularité presque métronomique.
Malgré certains moments légèrement « appuyés », Jonathan Tropper signe un premier roman tendre, captivant (le « ressort narratif » est puissant et efficace) mais aussi acide et par moment franchement désopilant.
Le livre de Joe
Jonathan Tropper
10/18
C’est un roman qui tangue comme le tango, dont il raconte l’histoire en la mêlant à celle de l’Argentine au vingtième siècle.
Luis vient de Buenos Aires. De passage à Paris, il danse le tango avec Ana, jeune française d’origine argentine mais qui ignore tout, ou presque, du passé de sa famille, et pour cause… Le siècle argentin fut rude, et en remonter le fil en dévide des histoires de vie qui font la trame de l’histoire tout court, et éclairent les destinées. C’est ainsi que la rencontre d »Ana et Luis, à travers le projet d’un film sur le tango, sera la découverte en même temps que l’aboutissement des liens qui unissent leurs deux familles depuis quatre générations.
C’est un roman construit comme la danse, en ruptures et en mouvements, mêlant les époques et les personnages, dont le tango lui-même, qui vit sa propre vie. Il faut s’y lancer pour en découvrir la force et en apprécier la musique.
Tango est le deuxième livre d »Elsa Osorio traduit en français, après le magnifique Luz ou le temps sauvage, paru chez le même éditeur.
Tango, d’Elsa Osorio, Editions Métailié, taduit de l’espagnol (Argentine) par Jean-Marie Saint-Lu.
Les livres de Paul Auster sont toujours très attendus. Les lecteurs sont chaque fois impatients d’entrer dans l’univers d’un écrivain rarement à court d’imagination. Celui-ci a donc surpris, et les commentaires qu’il a suscités (voir les nombreuses critiques sur Internet) n’ont pas manqué : panne de l’écrivain devant la page blanche, roman mineur, etc… C’est oublier, selon nous, que les romans d’Auster sont truffés de chausse-trappes, et qu’ils parlent essentiellement de la possession de soi-même, ou pour dire en un mot, de l’identité. Ce court texte, Dans le scriptorium, ne nous éloigne donc pas de cette démarche. Un homme seul dans une chambre sans âme, hôpital ou prison on ne sait, reçoit la visite de personnages qui au départ déconcertent le lecteur. Certains sont plus affables (voire très affables, comme Anna) que d’autres. Que lui veut-on finalement, à ce Mr Blank ? En même temps, on le prie de lire un texte qui l’attend sur une petite table, et même d’en écrire la suite : histoire dans l’histoire, comme souvent chez Auster, mais celle-ci n’est pas gratuite de la part d’un Américain.
Amusement d’un auteur en toute liberté, ou métaphore de l’écrivain face à ses multiples vies, comme on voudra. C’est en tout cas très réussi, et ça ne manque pas d’humour.
Dans le scriptorium, de Paul Auster, Actes Sud, traduit de l’américain par Christine Le Boeuf.