L’auteur nous emmène en Espagne. Un jour, il reçoit d’une amie historienne une monographie de la princesse Ana d’Autriche, dite Ana de Jésus, enfant cachée de Don Juan d’Autriche et de la noble Maria Mendoza. Michel del Castillo est bouleversé car il se reconnaît tout de suite dans ce personnage d’enfant condamné à l’âge de six ans, du fait de sa bâtardise, à la réclusion dans un couvent. Comme elle, il a connu l’abandon et l’enfermement ; il connaît les douleurs de cette enfant à travers sa propre chair. Il reconnaît aussi son courage, car elle aurait pu accepter son destin ; au contraire, elle lutte, reste libre, aime et refuse de faire ses voux à cette époque où « l’unité de la foi faisait l’unité du pays ». Car le roi, Philippe II, lutte contre les Hollandais mais surtout contre les Maures qu’il veut convertir par la force.
Michel del Castillo
La religieuse de Madrigal
Fayard/Seuil
Ce roman fort et envoûtant a reçu cette année le Prix Goncourt des Lycéens. Il nous emmène au Mboasu, pays imaginaire d’Afrique. La guerre y est finie et pourtant ses démons ne l’ont pas quittée, la pauvreté, la détresse, les superstitions y sont partout. C’est à travers les yeux de Musango, petite fille de 12 ans que nous découvrons le poids des croyances ancestrales de tout un peuple, sa misère et l’absence dramatique de tout avenir. Chassée par sa mère, elle-même expulsée de son domicile après la mort de l’homme avec qui elle vivait, Musango devient enfant de la rue. Enlevée puis vendue par des trafiquants, elle est séquestrée par des proxénètes qui dissimulent leur odieux trafic derrière les activités d’une secte. Mais Musango n’a qu’un projet : retrouver sa mère, lui pardonner, la comprendre. Leonora Miano est un vrai écrivain. Son écriture est à la fois efficace et poétique ; elle dépeint en quelques lignes les forces et les faiblesses de l’Afrique, et en peu de mots elle nous en fait sentir tout le parfum !
Leonora Miano
Contours du jour qui vient
Plon
Après son fameux « Les soldats de Salamine », Cercas nous revient avec un autre conflit majeur du XXe : la guerre du Vietnam. « A la vitesse de la lumière » met en scène un écrivain débutant qui se lie d’amitié avec un vétéran du Vietnam rencontré dans une univesité américaine, ex-membre d’une unité secrète spécialisée dans le massacre de civils. Revenu en Espagne, l’auteur rencontre le succès, et, désormais très en vogue, devient l’homme qu’il s’était promis de n’être jamais. Au fil du temps, des séparations et des rencontres, ces deux hommes vont nous livrer leur vérités et leurs errements. Si Cercas propose un livre sur la culpabilité et sur la nature du mal, il nous parle aussi avec une grande justesse de l’amitié et de la possibilité d’une rédemption. Difficile de dire mieux notre enthousiasme pour le meilleur roman de ce formidable auteur.
Javier Cercas
A la vitesse de la lumière
Actes Sud