Sous la plume d’Alan Bennett, redoutable observateur des us et coutumes de ses concitoyens, les faits les plus anodins prennent une tournure cocasse. Midgley, pâle prof dans une sinistre banlieue anglaise, s’est toujours senti écrasé par son père. A l’annonce de la fin imminente de ce dernier, Midgley se rend a son chevet, bien décidé à racheter des années de frustrations. Il le veille sans relâche mais la fin annoncée se fait attendre comme si le vieux voulait l’enquiquiner jusqu’au bout…
Alan Bennett
Soins intensifs
Denoël
Vladimir Horowitz est cet immense pianiste, né en Ukraine en 1903, décédé à New York en 1989, spécialiste du répertoire romantique, et connu, entre autres, pour ses interprétations fameuses de Rachmaninoff et de Liszt. Au Conservatoire de Kiev, dans sa jeunesse, il devait avoir pour condisciple un certain Dimitri Radzanov que l’exil mena à Montrouge, dans la banlieue parisienne, où il mena en quelque sorte une double vie. Le jour à travailler dans le vinyl chez Pathé Marconi ; le soir, chez lui, à se mesurer au piano avec Horowitz. Car Dimitri était un brillant pianiste lui aussi, peut-être même plus brillant que son rival, mais personne n’en a jamais rien su. D’un côté un looser , de l’autre une star . A l’inverse de leur vie privée, difficile mais tendre pour l’un, torturée et douloureuse pour l’autre. Quelle est la part de roman et de récit dans cette vie racontée par le fils de Dimitri ? C’est évidemment le privilège du romancier de raconter des vies parallèles, partiellement imaginées d’ailleurs, l’univers de chacun étant investi par les personnages réels ou fictifs rencontrés au fil de l’existence, et avec lesquels on se mesure. L’auteur, Alexis Salatko avait déjà tenté cet exercice avec l’écrivain(e) Flannery O’Connor dans Milledgeville, sanctuaire des oiseaux et des fous paru chez Fayard en 2004.
Alexis Salatko
Horowitz et mon père
Fayard
Les héros de Bienvenue au club ont beau avoir pris 20 ans et surtout les désillusions qui vont avec, c’est avec un plaisir toujours renouvelé que le lecteur retrouve les protagonistes de la première heure. J. Coe nous livre un roman construit, intelligent et parfaitement rythmé. En conteur accompli, il nous entraîne dans le sillage de Benjamin, Loïs, Doug et toute la bande. Ceux-là qui, vingt ans plus tôt, se côtoyaient sur les bancs du King William College. Coe offre également un tableau parfaitement grinçant de l’Angleterre des années 2000, problèmes politiques et sociaux en tête.
Note :
Pour les distraits, les amnésiques et ceux qui n’ont pas la chance d’avoir lu la première partie (parue en poche dans la collection Folio), Coe a ajouté en fin d’ouvrage un bref synopsis rappelant les principaux personnages et les faits saillants du premier épisode.
Jonathan Coe
Le cercle fermé
Gallimard